HJ: Pauvre petit placard à balais, je suis sûre qu'il va rester désaffecter jusqu'à la mort de ce forum si personne n'y remédie… Allez, je me lance =D Plus qu'à trouver ce que je vais bien pouvoir y faire… -_-'


La journée avait été morne. Il avait fallu lutter pour assister à chaque cours, combattre son ennui profond, endurer chaque heure sans s'enfuir. Enfin était arrivée l'heure du dîner avec les autres verts et argent, puis le retour à la salle commune qui s'était vidée petit à petit, à mesure que la soirée avançait. La nuit tombée depuis plusieurs heures, Lyra s'était résolue à rejoindre son dortoir, mais le manque d'intérêt cruel des dernières vingt-quatre heures avait insufflé en elle un sentiment de frustration qui n'avait cessé de croître. D'abord léger, il l'avait ensuite tourmenté plus qu'elle ne pouvait le tolérer, et la jeune fille s'était redressée furieuse entre les quatre piliers de son lit à baldaquin, comme enfermée par les rideaux sombres qui tombaient de part et d'autre de son couchage. Alors elle avait repoussé sa couverture, s'était saisie de la première robe qu'elle avait trouvée, fourré sa baguette dans sa manche, et était partie explorer le château. Tandis qu'elle remontait les escaliers des cachots, elle rêvait déjà aux plus hautes tours, d'où elle pourrait jeter un regard pénétrant sur l'ensemble de l'école et de ses environs. Au loin, elle en était sûre, elle apercevrait la forêt interdite, laisserait son esprit vagabonder aux rencontres qu'il s'y fait… Ces fabulations en tête, elle poussa la porte du hall et se dirigea vers un escalier. Mais tandis qu'elle posait le pied sur sa première marche, elle distingua deux yeux félins en haut de l'escalier.

Et merde, la chatte de Rusard, grinça-t-elle entre ses dents.

L'animal se mit à miauler, afin de signaler la présence de la jeune fille à son maître. Instinctivement, Lyra leva sa baguette pour la stupéfier, et le sort toucha sa pauvre victime de plein fouet. Réaction irréfléchie, évidemment, puisque le corps de la chatte stupéfié tomba et dévala l'escalier en marbre produisant un bruit peu discret qui résonna dans tout le hall.

Oh c'est pas vrai… soupira Lyra.

Des pas rapides ne tardèrent pas à se faire entendre, le concierge cherchait sa compagne. Posément, la serpentard pesait le pour et le contre: le stupéfier à son tour ou filer? Rusard se mit à appeler, il avait l'air vraiment affolé.

Sois raisonnable ma vieille, tu en as assez fait pour la soirée! Se chuchota la jeune fille avant de tourner les talons et de se précipiter vers la première porte qu'elle vit. Elle la referma derrière elle au moment où elle entendit les cris horrifiés de Rusard, extrapolant sur l'abomination faite à son animal.

On se calme la bouse de dragon, je l'ai pas tuée ta boule de poils…

Cette dernière phrase avait été prononcée l'œil dans la serrure, d'une voix amusée. Oui, le spectacle offert était réjouissant, le vieux était à deux doigts de s'arracher les cheveux. Lyra se releva, et fit face à la pièce dans laquelle elle avait atterri. Choque. Un placard à balais. Ah, humiliation extrême! Elle qui voulait passer sa nuit perchée sur une tour, goûtant à l'air frais de la nuit et méditant, se trouvait coincée dans un placard poussiéreux jusqu'à ce que Rusard daigne partir. Ce qui pouvait durer des heures. Mais tandis que son humeur devenait maussade, elle sentit une présence dans la pièce, et distingua une silhouette au fond du placard. Alors elle n'était pas seule à s'être réfugiée ici? Elle leva sa baguette à la hauteur de cet inconnu.

Lumos!

A voir cette petite forme recroquevillée sur le sol, la jeune sorcière avait d'abord cru s'être trouvée face à un animal, elle fût donc surprise de trouver une petite tête tremblante de Poufsouffle. Poufsouffle? Mouais, après tout, il aurait tout aussi bien pu être un animal. Son regard le gênait, elle en avait conscience, et elle prit un malin plaisir à le détailler sans dire un mot, à l'observer se tasser un peu plus chaque seconde. Il avait peur à présent, il était même mort de peur sans qu'elle eu à dire quoique ce soit. Jouissance suprême! Lyra ne laissa rien paraître de son plaisir, resta impassible, et le garçon en paru apaisé. Il alla même jusqu'à lâcher un baillement, puis se replonger dans sa lecture. Bailler alors qu'il se trouvait en présence d'un Serpentard, bailler alors qu'elle était là, elle, Lyra, à proximité? Et il lisait, l'effronté?!

Bonsoir.

Voix glaciale, regard sadique. Bon, il avait l'air effrayé, c'était plus satisfaisant. Comment allait-elle tirer partie de cette situation? Après tout, quitte à être enfermée dans un placard avec une sorte de chien, autant l'amadouer. Sans trop savoir à quoi tout cela allait la mener, elle s'approcha du jeune homme avec un sourire poli, sans se soucier que ce brusque changement d'attitude pourrait l'interloquer, et s'adossa au mur très près de lui, le regardant de haut.

Qu'est-ce que tu fais ici? demanda-t-elle gentillement.

Puis désignant son livre:

Oh, la lecture... Elle prit un regard vague, comme perdu dans des pensées magnifiquement heureuses. Un de mes passes-temps favoris!

Lyra avait pensé que sa question produirait un autre réaction chez le jeune homme, crainte ou apaisement, qu'importe? Elle voulait produire un effet, quelque chose d'autre que le silence qui lui fît écho et qui eu le don d'irriter la jeune femme. Lorsque, la tête basse, il avait semblé songer quelque chose que la Serpentard n'avait pu cerner elle avait été tenté de le stupéfier sur place et de le laisser pourrir au milieux de ces balais pour le restant de ses jours. Rien ne l'énervait tant que de ne pas contrôler la situation. A défaut de les diriger, elle aurait au moins aimé connaître les pensées de son interlocuteur, c'est pour cette raison qu'elle choisit de laisser s'installer un lourd silence. La jeune sorcière avait bien compris que le regard insistant qu'elle posait sur lui pousserait le jeune homme à parler, par crainte. Enfin il osa begayer ces quelques mots:

" Je...lis, ça ne se voit pas ? Et...je pourrais te retourner...aussi...aussi bien la question. "

Oh! Du mépris! Charmant. La petite bête apeurée avait donc plus de caractère que ce qu'elle semblait avoir. Cette idée séduisit Lyra, elle retrouva sa bonne humeur. Déceler les sentiments du Poufsouffle l'avait rassurée, tant qu'il continuait à se dévoiler elle pourrait mener la situation. Le petit examen qu'il fît de sa personne ne fût pas se lui déplaire, et lorsque, le coeur battant, il posa son ultime question, la jeune femme ne pu retenir un éclat de rire. Elle était aux anges.
Alors, s'accroupissant pour être à sa hauteur, elle lui parla.

Oh oui, je vois. Quoi de plus naturel? Tu t'es levé cette nuit de ton misérable dortoir et t'es dirigé vers un endroit que tu affectais, tant il était digne de toi. Là, tu as pensé que le lieux était idéal pour un petit voyage littéraire, et t'es assis dans la poussière avec un livre.

Sa voix restée jusqu'ici faussement mielleuse s'emporta à cet instant. Elle ne s'éleva pas, non, mais prit un ton alarmant, sonnant comme un avertissement, quelque chose qui chuchotait que sa propriétaire se révélait dangereuse.

Le pire, c'est que je te crois.

La verte et argent se tue afin de laisser Matt encaisser ses paroles, les remuer et se sentir humilier d'avoir sous-entendu que la question de la jeune femme était stupide par le caractère évident de sa réponse. Puis tout en prenant garde à ne pas toucher le jeune homme, fait qui la dégoutait et dont elle soupçonnait l'impact chez cet esprit faible qu'elle crut capable de s'enfuir en courant, elle se releva, s'éloigna un peu et reprit, glaciale:

Dis-moi, misérable petit elfe de maison, tu trouves cela bien sage d'adresser ainsi la parole à son aînée? Ce que je fais ici ne te regarde pas, pourquoi je te regarde ainsi encore moins. Enfin, si tu veux un indice, tu m'amuses. Et si je décidais de t'écorcher vif? De te faire payer ton impertinence? Ne me regarde pas ainsi, je plaisante, ce serait beaucoup trop facile. Quelle gloire tirerais-je d'une victoire si aisée?

Voilà la démonstration de ce qu'étaient les sauts d'humeur de Lyra. Evidemment, l'unique but de ce discours était de se distraire, de jouer avec ceux qu'elle considérait comme faibles afin de se tester elle-même, et de se prouver sa valeur. Elle ne vouait aucune haine véritable au jeune homme, elle ne lui portait qu'un vague mépris, celui-ci suffisant pour justifier une pareille attitude.

Un soupir, et Matt lançait la réplique qu'il avait voulu "froide, achevante". Lyra fit mine de ne l'écouter que d'une oreille, et tandis qu'il achevait son petit discours par de graves paroles sur la naïveté, la jeune femme n'hésita pas à mettre sa main devant sa bouche, mimant un bâillement distingué et insultant.

Tu m'ennuies, dit-elle doucement, l'air distraite.

De même, lorsqu'il reprit son livre et le referma, elle ne daigna pas porter attention à son petit jeu, et alors qu'il l'interrogeait de nouveau sur ses intentions, elle sembla trouver l'observation d'une serpillière bien plus passionnante que l'écoute de sa phrase. Enfin, elle enchaîna l'air contrarié mais semblant porter autant d'importance à sa propre réponse qu'elle en avait portée à l'écoute du jeune homme.

Arrête de geindre tu veux, je ne t'ai jamais demandé de me confier tes pensées de dépressif.

Cet ostentatoire détachement était bien sûr joué. Comme à son habitude, Lyra avait analysé chaque mouvement du jeune homme, enregistré le plus insignifiant de ses mots. L'analyse du comportement humain la fascinait, elle pensait que le connaître lui permettrait de s'en servir à fin personnelle. A ce titre, le Poufsouffle l'avait intéressée, comme parfaite petite image de ce qu'elle considérait comme la faiblesse. Mais ce dernier changement d'attitude la contrariait: la peur qu'il éprouvait semblait différente de celle de tout à l'heure. S'il avait vraiment entendu les paroles acerbes que la Serpentarde lui avait jetées, il n'aurait pas dû s'apaiser! N'avait-elle donc rien touché en lui? Mais alors, pourquoi, par quoi avait-il pu être effrayé? Par sa simple présence? Mais Matt ne connaissait pas Lyra avant cette entrevue. La vérité s'imposa à la verte et argent, la blessant dans son ego. Ce n'était pas ses mots qui l'avaient mis dans cet état, ce n'était pas sa présence, ce n'était pas elle, mais la présence d'autrui.

Lyra releva brusquement la tête, regarda le jeune homme avec une intelligence nouvelle. Un point pour lui, elle avait été quelque peu naïve. La sorcière était certaine que même d'où il était il pourrait déceler un changement dans ses yeux dont le bleu avait soudain retrouvé toute son expressivité. Quelques secondes s'étaient écoulées depuis sa raillerie, à laquelle elle ne pensait plus du tout d'ailleurs. La jeune femme prit le temps de poser sa phrase, de détacher chacun de ses mots, de prononcer chacune de ses syllabes avec délectation.

Oh... Alors tu es là, recroquevillé contre un mur à cause de ta peur des autres. chuchota-t-elle.

Cette révélation l'avait à la fois contrariée (quoi! Lui, misérable blaireau, c'était permis de d'éprouver la même peur envers elle qu'envers n'importe quelle personne?) et intriguée. Pour assouvir son désir de vengeance et de connaissance des réactions du jeune homme elle décida de répondre à sa petite tirade passionnée sur son pathétique désir de "quitter ce monde". Ce sujet avait l'air de lui tenir à cœur, peut être sa réaction serait-elle plus sincère que les précédentes?

Si tu désires tant mourir, je ne vois pas ce qui t'en empêche puisque ni toi ni les autres ne le regretteront. Non, personne ne te regrettera. Oh, je sais! Tu manques de courage. La verte et argent laissa échapper un rire cristallin Ne te préoccupe pas tant de moi, ni de la façon que j'aurai de me remettre de l'événement. Rendre service à autrui ne me dérange pas tant que ce que tu penses croire. J'agis toujours pour moi-même, peu importe que mes actes entraînent un profit pour quelqu'un d'autre.

Encore un coup de bluff. La Serpentarde ne supportait pas qu'une de ses actions ne soient pas entièrement maîtrisée, et Matt commençait à lui être beaucoup trop sympathique pour qu'elle se dispensa de sa compagnie. Enfin, le discours qu'elle lui avait tenu semblait solide, avec un peu de chance il ne se rendrait compte de rien.