- J'ai... reçu une lettre... de ma mère... Elle m'a révélé un secret de famille... Qui me concerne. Et depuis, je me rends compte que... que je ne suis rien d'autre... qu'un... qu'un...

Qu’est ce que Madame Potter avait-elle bien pu écrire dans la lettre pour son fils unique pour qu’il se sente si écœurant, humilié, blessant voire mortifiant ? Que lui avait-elle révélé pour qu’il se sente si abject et répugnant ? Cela devait être vraiment quelque chose de très grave pour que le jeune Gryffondor, d’habitude si plein de vie, soit si abattu par ce courier. Lily ressentit qu’il voulait le lui dire, mais les mots se bloquaient au fond de sa gorge. Sa respiration semblait saccadée.
Le mot allait bientôt être divulgué. Mais James n’en dit rien, ce mot qui lui faisait si mal, qui le bouffait littéralement de l’intérieur.

-James, si tu ne veux pas le dire, n’en dit rien, je ne t’en voudrais pas.

Lily se détacha de lui, vérifia si les bandages tenaient toujours et dit :

-Quoi qu’il en soit, ne laisse pas ce mot ou cette chose te ruiner tout ce que tu as réussi à construire en 5 ans ici. Ce n’est pas ça qui te changera. Ce truc n’a rien à faire dans ta vie, si tu ne l'autorises pas.

Alors que Lily avait retiré ses mains de celles du Gryffondor, James les rattrapa. Lily n’en dit rien, si cela pouvait l’aider ... Tout à coup, il sortit la lettre. Cette fameuse lettre qui le faisait souffrir et qui était la cause du tourment & de la peine qu’il ressentait au plus profond de son être et de son cœur. Lily avait l’impression de s’immiscer un peu trop dans la vie du jeune homme, elle se sentait très gênée.

Il la lui tendit. Lily hésita avant de l’ouvrir. Ses pensées étaient accélérées et défilaient dans sa tête aussi vite qu’un boulet de canon s’envole dans le ciel.

- Bâtard. Je suis un bâtard.

Rien que le mot fit frémir Lily tout entière. Toutes les suppositions lui traversaient l’esprit. Bâtard. Soit James était un enfant illégitime car sa mère avait trompé son père. Soit elle avait été violée, et Lily espérait fortement que cela ne soit pas ça. Soit James avait été adopté, dans ce cas, il ne pouvait guère ce traiter de bâtard. Lily ne pouvait le savoir, elle n'avait jamais rencontré ses parents.
Malgré toutes ses hypothèses, Lily voulut lui faire comprendre une chose.

-Quoi qu’il en soit James, rien de ce qu’il y a dans cette lettre peut t’empêcher de vivre comme toi tu l’entends.

Après avoir prit une profonde inspiration, Lily déplia la lettre et commença à lire.

Lily sentit James se tendre près d’elle alors qu’elle n’avait pas encore commencé la lecture. Lily la lue toute entière, horrifiée, et la relue une deuxième fois. C’était la chose la plus horrible qu’on lui avait jamais donné à lire, même la lettre de Pétunia semblait bien fade comparé à celle-ci. Quelle mère était-elle pour reléguer James au rang de bâtard ? Surtout qu’il n’y était absolument pour rien. Lily comprenait maintenant sa douleur, et la froideur qu’il lui avait témoignées au début de leur entrevue.

Lily était égarée. La famille Potter avait toujours suscité le respect dans la bouche de ses camarades. Même elle qui était d’origine moldue savait qu’elle était une famille renommée. Tout comme les Weasley, les Londubat ou encore les Malfoy.
Comment James pouvait-il se sentir après cela ? Elle comprenait sa réaction désormais. Apprendre qu’on était un enfant non-désiré ou illégitime était une chose, mais apprendre que son père était un violeur en étant une autre. Une vérité horrible.

James s’était reculé, peut-être craignait-il qu’elle le repousse comme un être abject. Mais Lily ne put retenir sa colère plus longtemps, elle fondit en larmes. Elle s’approcha de lui et le prit dans ses bras, passant des bras fins autour de son cou, mouillant le tee-shirt du jeune homme.

Un mur de silence, le tenait à distance, mais Lily devinait en lui, un homme avec un cœur. Tous ces sentiments muets, Lily ne s'y habituerais jamais, mais chacun à son histoire. Lily ne pouvait lui en vouloir.

-James, tu sais qu'on a le droit d'aimer, tu sais, on a le droit de pleurer. Ce n’est pas ça qui va te changer.

Lily sentit James se contracter, et elle sut qu’il fallait qu’elle s’éloigne car il allait se faire des illusions. Mais elle n’en avait guère envie, les pleurs étaient trop difficiles à retenir, et les bras de James étaient réconfortants à sa grande surprise. Le visage de James se glissa dans son cou et il pleura également. Lily était horrifiée de la situation de James, c’était juste impossible de ressentir autant de souffrance en si peu de temps. Il s’accrochait à elle comme on s’accroche à la main de sa mère lorsqu’on est petit.

- Je...

Que voulait-il lui dire ? Lily en avait une petite idée, et ne voulait pas y penser du tout. Car elle, était amoureuse de Livio, pas de lui. Même si elle venait de découvrir une facette de James qu’elle ignorait et qu’elle appréciait.

- James, je suis désolé.
Elle se détacha de lui, déposa un baiser sur sa joue, et descendit du mur. Lily devait s’en aller. Elle aurait aimée rester mais elle avait peur de la suite des événements. Elle ne voulait pas compromettre la petite – même infime- chance pour que leur relation s’améliore.

- Promis, pas un mot de tout cela à personne.

Quand elle disait tout cela, elle parlait de lui, bien sur, de cette malheureuse histoire, mais aussi d’elle, de sa faiblesse. Personne ne devait être au courant. On l'importunerait sinon dès le lendemain. Et cela viendrait sûrement aux oreilles de Livio, et pourrait compromettre leur relation.

Lily sentit son cœur se briser en mille morceaux lorsqu’elle capta toute la tristesse de James tandis qu’elle s’éloignait de lui. Il prononça son nom, et la rejoignit, en s’emparant de sa main. L’autre, était occupée à tarir les larmes qui avaient été versés quelques minutes auparavant.

- Je... Je te dégoûte ? Ne me mens pas. S'il te plaît.

Lily eut un haut de cœur ! Certes, parfois, il la dégoûtait comme lorsqu’il embêtait les Serpentard, ou faisait des blagues stupides, ou encore montait sur la table des professeurs pour que tout le monde le regarde alors qu’il faisait sa soi-disant déclaration d’amour. Là, il la fatigué. Lily se sentit blessée.

-Non, James, loin de là, tu ne me dégoûtes pas, j’aurais plutôt honte sans vouloir te froisser du comportement indigne de tes parents ... Je ne te mens pas, tu me connais, je dis toujours ce que je pense.

En principe oui, mais là, elle n’allait sûrement pas lui dire qu’elle aurait aimé connaître le James différent de celui de tous les jours avant.

Lily se sentit mal.

- Je ne fuis pas, c’est juste qu’il se fait tard ... Enfin ... Je dois y aller.

Très mal.

- Oh ! Serait-ce à cause de.. lui ?

La phrase qui l’acheva. Cela y été, Lily avait encore tout fait foirer. Elle faisait souffrir tout le monde. Voilà pourquoi elle avait voulu précipiter son départ. Il allait maintenant se faire de fausses illusions. Il allait croire que si elle ne l’aimait pas, c'était parce que c’était un « bâtard ». Là n’était pas son intention. Lily se sentit déchirée entre deux monde. Le premier lui disait de s’en aller, avant d’aggraver les choses encore un peu plus. Le deuxième était de rester, bien sur, mais ainsi de lui procurer encore et toujours de fausses idées.

Pourquoi parlait-il de Livio ? En entendant le mot lui, c’était à lui qu’elle avait pensé. Il fallait qu’elle le lui dise, elle ne pouvait lui mentir encore. Mais le lui dire, le bouleversera encore un peu plus, le poussera encore un peu plus vers le fond. Sans espoir d’y échapper & de s’en sortir.

- James, écoutes moi attentivement s’il te plaît. Je suis avec quelqu’un. Tu sais, Livio, et je l’aime. Je suis désolé. Il n’y aura de plus entre nous.

Lily se sentit une salop*e quand elle prononça ses mots. Les entendre dire de sa bouche la dégoûta.

-Mais un jour, peut-être... murmura-t-elle.

Lily s’enfuit dans les escaliers en espérant qu’il ne la suive pas.

Lily descendit les escaliers à toute vitesse pour ne pas être tenter de remonter. Elle s’arrêta en plein milieu, et se prit la tête entre les mains lorsqu’elle entendit la clameur la plus déchirante qu’il lui avait été donné d’entendre dans sa petite & misérable vie.

- POURQUOI ????

Lily se laissa tomber mélancoliquement sur le mur, les genoux rabattus contre sa poitrine écoutant le cri mélancolique du jeune Gryffondor. Elle se releva aussitôt quand elle comprit qu’il se frappait encore et toujours contre le mur de marbre, ce qui pourrait éventuellement lui être fatal.

Elle grimpa les marches, l’attrapa violemment par la taille pour qu’il stoppe immédiatement cette torture qu’il s’infligeait à lui-même, l’&éloignant du mur.

- Mais arrêtes !! Espèce d’idiot ! Tu veux te tuer ? Cela ne changeras absolument rien : Tu vas arrêter tes conneries toute suite !

Il était idiot, complètement stupide, et Lily avait envie de le frapper pour qu’il contienne ses sottises. Lily observa ses mains. Elles étaient rouges sang. Lily était beau être à Gryffondor, elle n’était pas pour autant si courageuse, elle détestait la vue du sang. Tout à l’heure, ce n’était qu’un peu, maintenant, c’est un effusion de sang. Elle eut un haut de cœur et détourna la tête.

-Si tu ne stoppes pas ça, je ne te parlerais plus jamais.

Lily n’aimait pas faire du chantage, surtout sur un sujet aussi délicat que celui-ci, mais elle était désespérée, et cherchait par tous les moyens de le calmer.

Lily en avait plus qu’assez. Elle, faisait tout, tout ce qui était en son pouvoir pour essayer de conserver leur début d’amitié plus que naissante. Mais lui bien sur, ne faisait aucun effort ! Ce n’était que lui, lui et lui ! Rien d’autre ! Elle avait envie de lui hurler dessus !

- Tu ne me parlais déjà pas, Lily, à part pour m'insulter ou me crier dessus. Ca ne changerait pas grand-chose.

Sur le fond, il n’avait pas tord, mais Lily ne pouvait l’avouer. Car elle s’évertuait à le maintenir en vie, afin d’éviter qu’il se blesse plus qu’inutilement... Mais Monsieur n’en faisait qu’à sa tête. Lily pouvait lui accorder des circonstances atténuantes, sa vie n’était guère facile. Mais celle de Lily non plus ! Et ce n’était par pour cela qu’elle essayait de se fracturer la main ! Ce n’était pas ça qui changera les choses !

- Pourquoi t'es revenue ? Tu devais pas partir pour ménager ton cher et tendre ?

Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. James n’aurait jamais du dire cela. Jamais. Livio. Son tout, son étoile dans le ciel, sa vie, la moitié de son cœur. Jamais il n’aurait du parler de lui devant elle, surtout de cette façon. Si froide et cynique qu’elle en avait presque envie de vomir.

-Parce que moi, tu vois, j’essaye de réparer les erreurs que j’ai pu faire dans le passé, mais apparemment, tu n’en est pas au même point, je vais donc te laisser ruminer tes pensées salasses. J’en ai assez d’être la seule à faire des efforts.

Lily y avait pourtant cru. Que James pouvait être quelqu’un d’autre, et qu’elle s’était trompée sur son compte, mais vraisemblablement le véritable James refaisait surface.

Lily regarda James s’éloigner, et aller s’accouder contre le muret de la Tour lui demandant pourquoi elle était encore là. Pourquoi était-elle encore là ? Elle ne le savait pas trop, tout ce qu’elle comprenait c’est qu’elle avait souhaité l’aider, mais son cas était désespéré. Son ton lui avait parut extrêmement déplaisant & dérangeant. Lily en fut presque vexée. Il se tourna, la regardant, mais Lily était vraiment en rogne maintenant, c’était la tempête dans son âme. Même un ouragan, tout son corps était déchaîné, et ne demandait qu’une seule chose : la vérité & la franchise.

Ces deux choses, elle les obtint dans le long monologue de James, qui lui fit d’ailleurs comprendre un bon nombre de chose. Mais pourquoi, c’était la seule question qui lui venait à l’esprit.

Elle glissa doucement contre la porte de la Tour à l’endroit où se tenait James il y a seulement quelques minutes encore. Oui, elle s’énervait, et pour elle, c’était tout à fait compréhensible. Il ne pouvait parler comme ça de son petit ami.

-Tu n’en a pas le droit, Livio ne t’a jamais rien fait, et que je sache, je ne t’appartiens pas, j’ai le droit de sortir avec qui je veux. Je suis désolé pour toutes les gifles que j’ai pu te donner, mais tu dois avouer que tu en méritais certaines. Non, je sais que je ne sais rien de toi, mais tu m’as pourtant montré quelque chose ce soir, et j’ai cru que tu avais changé mais non. Tu mens, tu ne veux pas de mon amitié. Tu veux plus & ce plus, je ne peux te l’offrir.

Elle aussi, c’était confus dans sa tête, elle ne pouvait faire une phrase logique de plus, avec un verbe un sujet et un complément. Elle ne s’en sentait plus capable.