La Lune, mes souvenirs et moi. [LIBRE]

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Il était deux heures du matin et je ne dormais pas. Alors que mes camarades de chambres dormaient paisiblement, moi je me retournais sans cesse sous mes couvertures. Désormais, j’étais habituée à être parmi les garçons. Les premières années avaient été rudes, mais je ne me formalisais plus : il fallait juste que je me lève plus tôt ou plus tard qu’eux pour me changer et pareil pour le soir. Ou encore que je le fasse dans la salle de bain. J’avais frôlé une fois la catastrophe : un garçon avait ouvert alors que j’enlevais mon haut. Il avait vu les bandes. J’avais dû lui sortir une histoire tordue à propos d’une blessure faite je ne sais plus comment. Je voyais bien que les doutes se faisaient de plus en plus nombreux à mon égard, mais personne ne devais découvrir que je n’étais pas Adrian, un garçon, mais Selena une fille. Non seulement se serait la honte – mais ça encore, ce n’était pas vraiment ce qui m’inquiétait le plus – mais… Je ne pourrai plus me travestir après. Je ne pourrai plus faire vivre mon frère à travers moi. Et là, Adrian serait mort pour de bon…

N’y tenant plus, je me levai, veillant à ne faire aucun bruit, afin de ne pas alerter Rusard ou un Préfet. Ma destination ? La Tour d’Astronomie. Ce devait être le meilleur endroit la nuit, à Poudlard. La plus haute tour, la plus proche de la Lune. Endroit où l’on peut se sentir seul au monde, pouvant entendre vaguement le Saule Cogneur agiter ses branches, ou encore les oiseaux nocturnes chasser. En revanche, on n’était pas entendu si facilement. C’est pour cela que je me mis à chanter, chanter une chanson de mon pays, la Russie, que mon frère et moi aimions tant. J’en venais même à abandonner la voix grave et un peu roque que je devais utiliser quotidiennement. Je prenais quand même garde de ne pas trop élever la voix, histoire que si un élève ne dormait pas sur ses deux oreilles et prennent comme moi la décision de se rendre en hauteur, ne me surprenne pas avec ma voix de fille.

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James n'avait pas envie de retourner se coucher. Il savait qu'il serait épuisé le lendemain mais peu lui importait. Il venait de terminer l'installation de sa blague pour Serpentard et se sentait agité, loin d'un état à demi-somnolent. Il grimpa à toute vitesse les marche de la Tour d'Astronomie. Cet endroit lui procurait le calme et lui permettait de se calmer de manière à pouvoir aller se coucher. Il s'était passé tellement de choses dans la Tour... C'était sûrement l'endroit qui en savait le plus sur le coeur du Gryffondor.
James se figea en voyant une silhouette inconnue dans la pâle clarté de la lune. Il pencha légèrement la tête, hésitant à faire demi-tour. Mlaheureusement, la porte claqua derrière lui, faisant sursauter la personne.

- Désolé ! Je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un. Je te dérange, peut-être ?

Il esquissa un sourire d'excuse, attendant la réponse de l'autre. Il avait envie de se calmer les nerfs, de rester mais il ne voulait pas déranger l'autre.

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Je me tue instantanément lorsque j’entendis la porte claquer. En me retournant, les cheveux volèrent autour de mon visage pâle et une longue mèche resta au milieu, un peu comme une moustache indigo. Je replaçai la mèche rebelle et essayai de distinguer les traits du nouveau venu. Car vu la taille et la coupe de cheveux, c’était un garçon. Contrairement à moi, aucun doute possible sur son sexe. En plissant les yeux, je constatai que c’était un Gryffondor, Potter je crois, un des Maraudeurs. Je ne le connaissais que pour ses « célèbres » blagues aux Serpentard, mais je ne lui avais jamais vraiment parlé. Potter s’excusa et demanda s’il me dérangeait. Pas vraiment. Et quand bien même c’était le cas, la Tour d’Astronomie ne m’appartenait pas, je n’avais aucunement le droit de lui dire de partir. Enfin bref, je lui rendis son sourire, et en reprenant ma voix un peu plus masculine – en espérant qu’il ne m’ait pas entendue quelques instants plus tôt – je pris la parole :

- Tu ne me dérange pas. Potter, c’est bien ça ?

Bien qu’il ne fut pas vraiment mon genre de garçon – un peu trop prétentieux et insouciant et surtout fou amoureux de Evans à ce qu’il parait – je devais bien reconnaître que Potter était plutôt mignon. Mais de toute façon, mon statut m’empêchait de tomber amoureuse. Cela ne me dérangeait pas. Eh bien oui : déjà, je suis une fille, aux dernières nouvelles, les autres filles ne m’intéressent pas. On aurait pensé que je suis gay. Je n’ai rien contre les homosexuels. Mais je ne suis pas un garçon. En fait, parfois, je ne sais même plus moi-même ce que je suis. Bref, je ne peux pas répondre aux sentiments de filles – si elles se rendaient compte que leur petit ami est en faite une fille ! – et… Les garçons, c’est impossibles aussi. Bref, je vais sans doute rester à la salle commune pendant le Bal de Noël, comme les années passées. Je ne peux décemment pas inviter une fille. Cela me ferait trop bizarre… Enfin je verrai bien. Ce n’est pas le sujet du jour.

- Tu viens souvent aussi tard ?

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James regarda l'autre. Il fut étonné qu'il le reconnaisse si facilement. Lui, il ne savait pas qui il était. Il le savait de Poufsouffle mais sans plus. Ca le gênait. En tout cas, il fut soulagé de ne pas le déranger. Il s'avança pour s'asseoir près de l'autre.

- Ouais, je viens souvent. Pour un oui ou un non, quand je traîne dans les couloirs j'atterris ici. Et toi ?

La gêne qu'il ressentait face à l'absence de nom sur le visage de l'autre le démangeait. Il devait mettre un nom sur son visage sinon ça l'obséderait. Et il ne voulait pas s'agiter un peu plus mais se calmer.

- Au fait, bien que tu le saches, moi c'est James Potter !

Il lui fit un sourire et lui tendit la main, en bon mec qu'il était.

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Le Maraudeur me demanda si je venais souvent ici moi aussi. Lui apparemment, c’était de monnaie courante. On ne devait pas venir en même temps alors ! Avant de répondre, je retins un glapissement : si je portais une tenue décente, il allait rapidement se poser des questions à mon sujet s’il regardait plus bas que mon visage : je retire les bandes qui entourent ma poitrine la nuit… Je me retournai donc vers la vue avant de répondre, histoire qu’il ne se rende compte de rien. Non mais franchement. Je suis stupide.

- On ne doit pas venir en même temps. Je suis souvent là tard le soir, quand je n’arrive pas à trouver le sommeil, pendant que mes camarades dorment comme des biens heureux !

J’eus un léger rire. Il était vrai que c’était parfois comique de revenir en pleine nuit et d’en surprendre certains en train de ronfler ou de parler. Une fois, j’ai même vu un des garçons dans une position des plus étranges… Enfin. Potter me tendit la main en me déclinant son identité complète. James. Si je me souvenais de son nom, je n’avais plus son prénom en tête. Je pense que lui, ne se souvenais pas de qui j’étais… Je lui souris, et tendit aussi la main.

- Adrian Nikolaï. T’inquiètes, y a pas de lézard si tu ne savais pas. On ne peux pas connaître tout le monde !

Je me forçai à rire, avec une voix assez grave et un peu tremblante. Cette négligence stupide concernant mes bandes me mettait mal à l’aise. Pourvu que l’obscurité ne lui fasse pas remarquer !

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James sentait Adrian plutôt nerveux. Il ne savait pas ce qu'l se passait et avait l'impression de le déranger même si il lui avait assuré le contraire. Il fut heureux que l'autre lui serre la main. Il avait l'air sympathique bien qu'un peu étrange.

- Sûrement parce que je ne t'ai jamais vu ici ! Je viens ici quand je suis trop agité pour dormir, comme maintenant !

James sourit en gigotant, incapable de tenir en place. L'autre était bien plus posé que lui. Le silence ne le calmait pas, loin de là alors il décida de lancer un débat. Le meilleur thème était assurément le Bal de Noël.

- Tu vas au Bal, toi ?

Il regarda Adrian en attente de réponse.

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James venait lui aussi à la Tour d'Astronomie quand il n'arrivait pas à dormir. Mais les raisons de nos insomnies étaient sans doute très divergeantes ! Lui n'avait pas à se soucier qu'on découvre son plus gros secret ou pas... Enfin, qui étais-je pour le juger ? Je me concentrai davatage sur le ciel étoilé. La Lune n'était plus pleine depuis quelques nuits déjà et ne formait plus qu'un fin croissant brillant dans le ciel de velour bleu marine, tirant un peu sur l'indigo, une couleur si proche de la teinte de mes cheveux. Et de ses cheveux. Cheveux qui d'ailleurs dansaient dans le vent et commençaient sérieusement à m'énerver. Je me souviens que lorsque j'étais encore Selena la jeune fille insouciante, je les attachaient toujours alors que Adrian les laissait libres. Je m'étais donc habituée à ne plus les attacher. Mais ce soir là, je sortis quand même un élastique de ma poche et nouai ma lisse toison. Au moins, ils ne m'allaient plus dans les yeux ! James commença alors à parler d'un thème qui sucitait chez moi une sorte d'inquiètude : le Bal de Noël. Je voyais bien que certaines n'attendaient qu'une chose, que je les invite mais... Je reste quand même une fille et inviter une autre fille ça me parait bizarre... Enfin après tout, il ne me demandait que si j'y allais.

- Je ne sais pas encore. Les fêtes de ce genre, c'est pas tellement mon truc... Les r... Tenues de soirée et tout...

En réalité j'aimais beaucoup mais il me fallait être prudente. S'il découvrait que j'étais une fille, il y avait de grande chance pour que tout soit fini après. En plus, j'avais failli dire "robe". Certes, on disait robe pour les tenues de sorciers mais bon.

- Et puis, il y a quelques filles qui me tournent autour dans l'espoir que je les y invitent mais je ne sais pas vraiment laquelle choisir. Je n'ai pas envie de faire de la peine à celles qui ne seront pas choisies. Et toi, tu y vas Tu as déjà une cavalière ?

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James voyait parfaitement ce qu'il voulait dire puisque ses groupies lui faisaient vivre le même. Il avait trouvé la technique pour faire le tri. Elle fonctionnait plus ou moins et comportait plusieurs étapes. Une présélection des plus jolies filles du lot, il n'allait pas y aller avec une moche ! Il était James Potter ! Après, entre les plus jolies filles, il les testait pour voir leur niveau d'intelligence parce qu'aller à une soirée avec une fille au QI de moule, c'était pas le top pour une discussion.

- Je te comprends ! Je subis le même à chaque soirée !

Il pensa à Amanda, son amie, qui avait accepté d'y aller avec lui. Pour lui, il n'y avait aucune ambiguité. Amanda était son amie ; Lily son amour.

- Cette année j'ai décidé de couper court à tout ça et d'y aller avec une amie. C'est plus simple et je suis sûr de m'amuser au moins !

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James Potter devait être de ceux qui aimaient les jolies filles. Après tout, Lily était loin d’être un laideron, et c’est bien moi, une fille, qui vous le dis ! Pour ma part, le physique des gens m’intéressait peu, mais je devais bien avouer qu’un joli garçon me faisait plus d’effet que ce qu’on appelait un « thon ». Mais après c’est pareil. Je préférais les « thons » intelligents aux beaux gosses avec un QI inférieur à celui d’une huitre ! Enfin de toute façon, ce n’était pas comme si j’avais l’intention de me dégoter un petit ami.

Ma situation était bien trop compliquée pour que je puisse envisager de me « caser » comme on dit. Et on me voyait comme un garçon. Et je crois que j’en ai déjà parlé. Je suis censé être un garçon attiré par les filles. Même si je suis une fille attiré par les garçons, ou du moins qui pense être attiré par les garçons. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Cela aussi ça se dit. Bref, James lui dit qu’il y allait avec une amie, que c’était bien plus simple et qu’il était sûr de s’amuser. Il n’avait pas tort.

Je décidai de sortir ma carte maîtresse. Dumbledore comprendrait sans doute que j’ai envie de m’amuser un peu… Désolée Adrian…

- Mais je viens de penser que ma cousine russe, Kira sera présente. Je passerai sans doute la majore partie de la soirée en sa compagnie.

Oui et ce jour là, Adrian sera cloué au lit, malade comme un chien, pendant que sa cousine russe qui lui ressemblera comme deux gouttes d’eau déambulera seule parmi les élèves de Poudlard. Qui gobera cette histoire ? Mais maintenant que j’étais lancée…

- On se ressemble beaucoup, elle aurait pu être ma jumelle. Cela fait un siècle que je ne l’ai pas vue, je ne suis pas retournée en Russie depuis la mort de mon frère…

Mais qu’est-ce que je viens de dire moi ?! Je plaquai une main sur ma bouche, oubliant complètement que je devais cacher mon oubli de camoufler une certaine partie de mon anatomie. Quelle IDIOTE !

- Désolé, je raconte ma vie.

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James était un peu étonné de l'attitude de Adrian. Il était franchement étrange, comme gars. Il semblait considérer comme une erreur terrible le fait d'avoir parlé de son frère. Et James ne savait pas que l'on pouvait inviter quelqu'un de l'extérieur au bal de Noël. C'était étrange que Dumbledore ait accepté...

James ne s'en préoccupa pas et répondit au garçon sur un ton amusé

- Ok, cool, hâte de la voir, ta cousine !

Il fit son sourire irrésistible de dragueur. Il devait admettre que Adrian était plutôt pas mal, assez androgyne. Si sa cousine lui ressemblait, elle devait être belle et la beauté féminine l'attirait irrémédiablement.

- T'inquiète pas, ça m'arrive de la raconter aussi !

Il sourit et donna une bourrade typiquement masculine à Adrian.

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James avait eu un air étonné après ma réaction du fait que j’ai évoqué le décès de mon frère. Bien entendu, il a fallu que je réagisse comme une andouille. Parce que comme c’était après tout le cas, je pouvais avoir eu un frère mort avant l’entrée à Poudlard… Non mais je vous jure, je suis vraiment atteinte ! Et mon histoire de personne extérieure ? Mouais, ce n’est pas très crédible. Enfin on verra bien au moment voulu… Mais lorsque le Gryffondor me fit un sourire qu’on pouvait juger de dragueur, je ne pu m’empêcher de rougir. Non ! Un garçon n’est PAS censé rougir quand on lui sourit de cette façon. Heureusement qu’il faisait nuit, l’obscurité rendait sans doute les choses moins visibles. Du moins, je l’espérais de tout cœur !

Cela ne m’étonna qu’à moitié lorsque Potter dit qu’il lui arrivait lui aussi de raconter sa vie. Effectivement. Quand on est un petit peu vantard, on raconte sa vie, il faut quelque chose à vanter ! Mais James n’était pas pour autant quelqu’un de désagréable, donc à la limite, la vantardise n’était pas plus gênante que cela. Par contre, je n’ai pas vraiment apprécié la bourrade. C’est que je suis relativement frêle. Pour un garçon. Si j’étais considérée comme une fille, je serais normale mais… Je souris aussi, malgré la douleur à l’épaule. J’aurai sans doute un bleu demain.

Le vent commençait à se lever. Malgré le fait que j’ai attaché mais cheveux, ils continuaient à voleter autour de mon visage. Je n’étais pas habillée bien chaudement et je me mis à frissonner, sentant la chair de poule me gagner.

- Ça se refroidi on dirait.

En effet, je ne portais qu’une chemise à manches courtes et un jeans. Oui. On est en hiver et je me balade en chemise à manches courtes. Je dois être un peu maso. Mais au moins, le temps était sec. Il n’y avait que le vent pour refroidir l’air. Cela devait accentuer le sentiment que James devait avoir à mon égard : « ce garçon est bizarre ».

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James parut surpris. Il n'était pas habillé plus chaudement que son compagnon mais il avait chaud. Le vent frais ne lui faisait pas grand effet. Il haussa les épaules.

- Ca va encore. Pour un mois de décembre, il ne fait pas trop froid/

Il regarda au loin, examinant le parc plongé dans le noir. Quelques étoiles brillaient dans la masse noire du ciel et quelques flocons tombèrent. L'un d'eux atterrit sur le nez de James. Il loucha pour le regarder, stupéfait.

- D'accord, j'ai rien dit ! Il va faire froid !

Il rigola alors que la neige commençait à tomber plus fort. Ils allaient finir en bonhomme de neige s'ils restaient là !

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