Il y a des jours comme ça où on aurait mieux fait de rester coucher. Vous savez, ces journées où le temps semble s’étirer et où tout nous paraît comme enveloppé d’un brouillard épais... Et bien, après avoir avalé un petit déjeuner sans goût, pris une douche trop courte, avoir fait des devoirs plus que barbant et avoir quitté la salle commune trop étouffante, Sirius Black se trouvait dans l’état dans lequel ce genre de journée vous plonge généralement : harassé, énervé, blasé, déprimé et tant d’autres mots en « é ».
Et c’est avec maintes soupirs qu’il regardait mélancoliquement le parc glacé, accoudé à la fenêtre d’un couloir tentant de s’évader de la morosité ambiante. Il aurait bien aimé respirer un peu d’air frais mais n’avait aucune envie de retourner chercher sa cape au dortoir...Bref, Sirius Orion Black, Maraudeur agité et toujours gai avait perdu pas mal de sa superbe habituelle. Et pour la première, et sûrement dernière, fois de sa vie, c’était une Serpentard qui allait le sortir de cet état végétatif par une simple remarque, une petite moquerie de rien du tout qui allait faire mouche... mais ça, il ne le savait pas encore.
Revenons à notre contemplation du Sirius en pleine observation de Poudlard... Imaginez le le menton dans la main, le coude appuyé sur un rebord de pierre, les yeux dans le vague et négligemment « vautré », il faut dire les choses telles qu’elles sont, contre un mur quelconque du château et vous aurez devant les yeux l’exact reproduction de la scène que Cassidy Andrew pouvait à présent contempler.
En bon Serpentard, qu’auriez vous donc fait à sa place ? Exactement ce qu’elle fit.

Et c’est ainsi que Sirius tourna les yeux, sourcils froncés à présent pour répondre à l’impertinente.
Peut être que finalement, il valait la peine de se lever...

-Tiens tiens, ne serait ce pas...attends laisse moi réfléchir.. tu me dit quelque chose!

Haussant les sourcils peu élégamment, je lançai un coup d’oeil oscillant entre la surprise et la satisfaction face à cette irruption serpentardesque. Il faut dire qu’une petite joute verbale de temps à autre était grandement préférable à l’ennui dans lequel je me trouvais, satisfaction renforcée par le fait qu’il s’agissait d’une parfaite inconnue...enfin, je connaissais Cassidy de vue et en avait entendu parler mais jamais nous ne nous étions adressé la parole. Et il faut dire qu’un peu de sang neuf n’était pas de refus, la plupart des Serpentards commençant à se ramollir et à perdre leur légendaire répartie. Mais plutôt que d’esquisser le sourire machiavélique qui menaçait d’apparaître sur mon visage, je préférai la toiser de toute ma hauteur, me redressant pour mieux me camper devant elle avec un air des plus fiers et nobles.


- Tu ne devrais pas ignorer qui je suis, pauvre petit serpent...ma renommée est légendaire et en fait tomber plus d’une !

Sa petit imitation de la fille niaise et admirative que je savais qu’elle n’était pas avait le mérite d’être clairement représentative de ce que je ‘subissais’ chaque jour, bien que je ne m’en plaigne pas. Hé, quel mal y avait-il à prendre plaisir à ce qu’on m’adule et me complimente ? N’importe qui aurait adoré être à ma place. Je fis mine d’être vexé et je fronçai les sourcils, rentrant dans le jeu de celle qui venait m’interpeller.

- Ces « choses » que l’on appelle des filles, comme tu le dis si bien ont-elles tellement de chance de m’approcher de si près que tu les jalouses pour prendre un ton si acide ?

Je m’amusai à lui faire un petit clin d’œil séducteur assorti d’une moue aristocratique et dédaigneuse du plus bel effet.

- Dommage que le vert me donne envie de vomir.

Son sourire clairement moqueur me fit sourire a mon tour d’un air carnassier...Je sentais le défi et le combat venir à des miles à la ronde et cette douce odeur de rivalité était la plus belle chose. Décidément la conversation prenait un tour intéressant.

-Alors? Que fait le Black traitre à son sang ici, et surtout seul sans ses deux gardes du corps? Sa majesté a été abandonné?

Je feignis l’ennui devant aussi peu de répartie...toujours la même insulte qui n’en était finalement pas une, c’était blasant et désolant et je pris la peine de lui répondre sur le ton le plus ennuyé que je pouvais produire.

– Avez vous tellement peu d’imagination que vous vous sentez tous obligé d’utiliser ces mots ? Ou peut être est ce parce que tu n’as aucun autre défaut que tu puisses me trouver ....C’était une bien piètre attaque !

Je sentis le défi dans sa voix lorsqu’elle reprit la parole et fut heureux d’y déceler de nouvelles piques...J’avais toujours adoré me lancer dans ce genre de stupide conversations avec les Serpys. C’était aussi bien divertissant que nécessaire à mon bien être.

- Fais attention à toi, petit serpent...Tu t’aventures sur un chemin dans lequel tu ne pourras jamais suivre le maître des mauvaises farces que je suis et je pourrais réellement te faire regretter le jour où tu as croisé le chemin de Sirius Black !

Ah ah, Cassidy ne me paraissait donc pas du genre à se laisser faire et son assurance presque aussi déconcertante que la mienne donnait du piquant à cette rencontre...Mais jusqu’où était elle capable d’aller ... ?

- Comment comptes-tu me prouver ta supériorité ?

Je la vis très bien s’avancer, calculatrice et manipulatrice, vers moi de façon aguicheuse. Avec une autre fille, cette attitude ne m’aurait pas étonnée mais je savais a quoi m’en tenir avec Cassidy. Ses intentions se lisaient d’ailleurs clairement dans le sourire rusé qu’elle eut et je du me retenir d’éclater de rire lorsqu’elle se mordit la lèvre. Pensait elle vraiment que j’allais y croire ? Allons donc ! Je n’étais pas si stupide.

-Votre renommée comme vous dites, très cher est particulièrement....blasante.

Je levai les yeux devant son insistance a poursuivre son petit jeu de « Je te tourne autour puis je te repousse » qui ne me faisait ni chaud ni froid. Bon sang, quelle actrice ! Elle voulait un Wizard Awards pour sa ridicule prestation ? Et pourtant c’était diablement amusant de la regarder et je devais m’avouer que cela me permettait au moins de m’occuper un peu. J’haussai un sourcil alors qu’elle continua, imperturbable :


-Si j'étais jalouse, elle aurait fini toutes à Ste Mangouste si tu veut mon avis. Or elle sont toujours à Poudlard. Non, je m'en fiche complètement de qui tu met dans ton lit ou dans tes bras Black. En fait, cela ne me fait ni chaud ni froid. C'est juste le fait qu'elle ont toutes la même apparences et sont superficielle pour plaire à un garçon qui ne pense à leur physique. Je trouve ça très... désolant.

Bah voyons...Cassidy avait beau être une sorcière plutot douée, il ne fallait tout de même pas exagérer...quand a ce supposé nombre de conquêtes, qu’est ce que cette petite peste pouvait elle bien savoir ? Je n’avais mis aucune de ses filles dans mon lit, j’étais un séducteur, j’adorais ça mais il y avait une différence tout de même ! Je n’allais pas me priver de draguer quand je le pouvais ! Stupides rumeurs, encore une fois...



Je te signale que cette phrase n'est pas de moi et était une moquerie déguisée envers les autres Serpentards. Mais c'est vrai que tu n'es pas à Serdaigle, j'aurais dû y penser plus tôt! Quand aux défauts, je peux en citer un que tu me montre depuis tout à l'heure. Ton égocentricité. Mais ce n'est pas nouveau... On ne change pas hein Black?

Alors là, ce fut la goutte qui fit déborder le jus de citrouille ! A ce que j’en savais, cette chère Cassidy n’était pas la plus grande modeste du château non plus ! Il était plaisant de voir à quel point elle pouvait se méprendre et essayer de me provoquer...mais elle n’allait pas être déçue !

Le maitre des mauvaises farces? hum laisse moi réfléchir... Non je ne vois pas de quoi tu parles! Tout l'art de faire des farces n'est pas dans le fait d'en faire mais dans le fait de ne pas se faire prendre! Mais sur ce point, tu n'excelles pas vraiment... Sinon j'étais censée avoir peur? Si tu crois que me faire des farces me fait peur, j'en suis terrifiée!

Je levai à nouveau les yeux au ciel, ridicule cette façon de jouer la fille terrifiée et totalement inutile !

-Ma supériorité? Je te suis supérieure en tout point Black. Fais attention à toi petit griffon. C'est quand le serpent est étouffé qu'il attaque et même mort, le venin tue toujours...

Je ne vois pas en quoi le combat Serpentard-gryffondor nous concerne. Je suis aussi gryffondor que toi tu es aussi Serpentard que moi! Mais bon, cela dois venir de la stupidité légendaire des Gryffondor! Au moins j'aurais tenté une approche entre nos deux maisons!

J’éclatai cette fois ci franchement de rire. Un rapprochement ? Nos maisons n’avaient besoin d’aucun rapprochement. Peu m’importaient les Serpentards ! Je me préparai donc à répondre :

- Ma très chère, je fis quelque pas vers elle l’air blasé, peu m’importe ce que vous pensez de ma renommée car je me fiche au fond, de ce que pensent la plupart des élèves de ce chateau, je me penchai un peu sur elle avec un air de défi, quant à ces filles que vous auriez pu, j’esquissai un sourire moqueur, envoyer à St Mangouste si vous l’aviez désirer...Vous ne savez rien. Est ce que parce que je profite de mon charisme je suis le genre de gars à jeter les filles dans son lit ou à ne se fier qu’à leur apparence ? Votre façon de vous fier à des rumeurs et aussi désolante que l’attitude que vous me prêtez !

Je fis quelques pas en arrière pour m’appuyer négligemment contre le mur, le menton levé fièrement :

- Effectivement je ne suis pas un Serdaigle, mais je pense que le problème réside dans le fait que je préfère la franchise plutôt que l’ironie et la comédie que tu es en train de jouer depuis tout à l’heure. Pour ce qui est de mon égocentrisme, tu apprendras que tu ne fais pas partie des filles les plus modestes non plus, crois moi et c’est un sujet sur lequel tes critiques sont plutôt hypocrites.

Je devais avouer que j’y allais un peu fort, mais c’était là tout le plaisir de la répartie et puis, Cassidy ne m’apparaissait pas comme facilement impressionnable et cette conversation était des plus amusantes.

- Pour ce qui est du rapprochement entre nos maisons, crois moi...c’est une idée des plus inutiles et personne ne t’a demandé de faire ce terriiiiiible effort !

J’insistai bien sur le mot et mains sur les hanches, la regardait se préparer à répliquer.

-Votre charisme? Laissez moi rire!.Et les rumeurs reflète souvent la vérité. Il suffit d'interpreter et de tirer les faits communs de chaque rumeurs pour savoir ce qu'il en est! Mais mon attitude est le reflet de la votre très cher. Et si vous voulez les protégez, faites donc! Elle ne sont rien pour moi!

Sa réplique m'arracha un sourire...dieu, qu'elle s'y prenait mal pour m'envoyer paître ou pour me blesser. Cet échange m'amusait, tout au plus, et j'étais heureux de sortir de la torpeur dans laquelle j'étais plongée depuis un long moment jusqu'à ce que cette charmante vipère se glisse devant moi. Elle était plutot amusante, il fallait l'avouer.

-Ah? Pour de ce qui est de ma comédie piètrement joué, elle est faite exprès. Pour être sure que tu comprenne que je jouais la comédie... Mais je t'accorde le point de la franchise. Depuis tout à l'heure mes paroles sont vraies et je pense chacune d'elle! Mais il n'y a rien de mal à jouer la comédie pour porter à confusion l'interlocuteur et ainsi éviter les questions gênantes. Quand à mon egocentricité, j'en suis pleinement consciente et je l'assume totalement! Ce qui fait une grande différence entre toi et moi!

Je haussai un sourcil, assez septique mais la laissai poursuivre, toujours dans le même état d'esprit.

Je gardais mon sourire moqueur et soupira pour finir sur sa dernière tirade:

-J'aurais essayé au moins! Et cette idée inutile comme tu dit peut s'avérer utile mais je te laisse réfléchir sur ce point même si je sais que cela te prendra de graaaannnddd effort!

Je crus, pendant un instant, déceler quelque chose d'autre, un ressentiment qui n'avait pas sa place dans cette joute verbale, durant sa dernière réplique. Comme si l'amusement commençait a se dissiper pour laisser place a des raisons plus profondes...pourtant, son attitude n'avait pas changée, ni le ton de sa voix. Ecartant ce détail, je m'apprêtais à lui répondre.

- Peu m'importe votre avis sur mon charisme, très chère, je n'ai rien a prouver de ce coté là, il me semble que les faits, et non les rumeurs, parlent d'elle même et qu'il y a la moitié de ce chateau, même s'il s'agit de la moitié la plus stupide, qui me court après et qui donnerait cher pour être aussi proche de moi que vous l'êtes...Mais là n'est pas la question. Quant à vos affirmations sur les rumeurs et les faits, permettez moi d'insister sur votre erreur...les rumeurs sont plus tirées de la jalousie et du fantasme de certains que des faits...mais ce que vous pensez m'importe peu.


Le ton guindé pour lequel j'avais opté jusque là disparu. Et mon sourire réapparu.

- Je suis déçu de constater que tu es comme les pauvres commères affamées de potins de ce chateau Andrew, peut être ai-je considérer trop rapidement que tu étais intelligente et devrais-je revoir ma position ?

J'étais de plus en plus satisfait de la tournure que prenait notre petit jeu et à vrai dire, reconnaissait m'être trouvé là une adversaire particulièrement plaisante et piquante.

- Qui aurait pu croire que tu étais sincère ? Ton simulacre de comédie ne pourrait convaincre personne de toute façon et la ruse se voyait a des kilomètres, mais si réellement tu l'as fait intentionellement...mes sincères félicitations, tu maîtrises parfaitement l'art de te rendre ridicule ! Quand a mon égocentricité, il est totalement stupide de ta part d'oser affirmer que je ne l'assume pas alors que j'en fais tout les jours son apologie et que je la mets en avant moi-même.

J'éprouvais un plaisir intense a m'amuser avec la demoiselle et a jouer mon parfait rôle du Gryffi borné qui hait tous les Serpentards. Certes, j'en haïssait la plupart, et avec raisons car ils nourissaient cette même haine contre nous mais certains n'avaient qu'à me prouver que ce n'était pas justifié. Et puis, l'un des leurs échapper à ma haine et ma colère ...
Haussant un sourcil, je me décidai à la défier.

- Bien, j'accepte de faire ce graaaaaaaaaand effort de réfléchir à son utilité...à quelques conditions...Prouve le moi.

Mon sourire devint carnassier.

- J'ai entendu dire que tu étais ferrue de toutes sortes de défis...et je ne suis pas en reste... Que la partie commence ?